Lettre de Warda Carles

Le 12 juillet 2015, je suis née pour la 2ème fois. Avant, j’ai grandi aux Comores, entourée des miens. J’ai eu 2 enfants puis j’ai rencontré mon conjoint Français qui a enlevé et élevé mon cœur. L’évidence nous a conduit vers ses racines tarnaises où mon 3ème enfant est né de cette nouvelle union. J’ai appris le français, travaillé auprès d’enfants en bas âge puis j’ai suivi des cours pour passer un CAP petite enfance. La vie était un rayon de soleil parfumé à la chance.

 

Un soir comme un autre, en conduisant pour rentrer chez moi, j’ai violemment chaud et ma tête tout à coup très lourde vacille. Je contacte le SAMU, je sens bien que quelque chose n’est pas normal et je suis inquiète d’autant plus que j’ai subi une ablation à la rate quelques années auparavant. Après une suspicion de grippe, le lendemain, mon état empire. Je me rends aux urgences et je perds connaissance plusieurs fois sous une douleur trop vive. Un interne vient s’occuper de moi et là je comprends que quelque chose de grave se passe. Je reste quelques jours à l’hôpital, mais mon état se dégrade et je dois être transférée à l’hôpital de Rangueil à Toulouse. Plus tard, j’ai appris qu’à ce moment-là, on avait demandé à mon mari et à mes enfants de venir me dire au revoir, de m’embrasser pour la dernière fois !

Je revois encore l’image de mes enfants et mon mari agitant leurs mains derrière la vitre de l’ambulance. Ce sera mon image-guide. Cette image gravée pour m’accrocher à l’espoir durant ma descente aux enfers.

 

Car oui, c’est une réelle descente aux enfers ! 

Arrivée à Rangueil le diagnostic tombe : septicémie CIVD. En terme clair, un streptocoque qui est une bactérie se propage dans le sang et est en train de grignoter mon corps petit à petit par les extrémités. Mon pronostic vital est engagé. Je suis plongée dans le coma afin de ne pas sentir les trop fortes douleurs. On me réveille une première fois : « Nous avons un espoir de vous sauver, mais nous devons couper les parties de votre corps qui nécrosent et éviter la propagation de la bactérie, nous avons besoin de votre accord » ; « Oui d’accord ! » l’image-guide me pousse à accepter, je veux vivre et retrouver les miens.

 

Je me suis réveillée plusieurs fois et à chaque réveil une partie de mon corps avait disparu. D’abord mes doigts, puis mes mains et après, mes avant-bras. Ensuite mes pieds, puis mes mollets… et le bout de mon nez. Parfois, la douleur est telle que mon cœur s’arrête de battre. Réanimée plusieurs fois, passée en service de chirurgie plusieurs fois… 2 mois de montagnes russes émotionnelles, de douleurs, de larmes, de cris… Jusqu’à ce 12 juillet où je réapprends une vie avec de nouveaux codes !

 

Bonjour, je m’appelle Warda Carles, j’ai 43 ans. J’ai 2 filles, 1 fils et je suis grand-mère depuis peu. Je suis amputée des 4 membres et du bout du nez, mais ne me dites pas que je suis handicapée !

 

Je croque la vie à pleines dents, je m’occupe de ma maison, de ma famille et de moi aussi quand même !

 

Je conduis ma voiture et j’adore ça. Je suis sportive, je fais de l’escalade et je cours dans mon club Brens Gaillac Running à Gaillac, entourée de mes amis que j’accompagne quasiment partout en adaptant toutefois les circuits pour mes lames de courses. Des lames de trail, plus adaptées, seraient idéales pour ne plus avoir à se demander si je peux y aller ou pas. Car oui, mes amis sont polyvalents dans leur pratique sportive et je veux faire la même chose bien sûr !

 

Je veux retravailler ! Évidemment, je me heurte à beaucoup de réticences et de contraintes, mais un équipement informatique adapté avec un logiciel spécial me permettra de reprendre une formation qualifiante voir diplômante pour me remettre dans le circuit professionnel…

 

Je suis utile, j’aime aider mon prochain et j’aime la vie ! MERCI à mes proches qui me transmettent toute l’énergie nécessaire dont j’ai besoin pour avancer. MERCI la vie de me faire vivre cette nouvelle aventure avec vous mes amis et avec toi Jérémy. On se voit tous le 21 avril à Albi ! 

21/04/23

Uni pour l'autonomie

Le 21 Avril 2023, nous aurons l'occasion de montrer à Warda Carles et sa famille, que le mot SOLIDAIRE a tout son sens !